Créativité & commerce @Montréal #C2Mtl
Wow! Et voilà!
C’était annoncé en grand, cela promettait d’être unique, on en a entendu parler dans tous les grands médias, et voilà que la seconde édition de C2-Mtl est lancée à Montréal! Si vous demeurez à Montréal, j’espère que vous y étiez.
Sinon, après une journée de conférence à #C2-Mtl, j’aimerais ici vous partager mon point de vue d’ergonome des interfaces sur la conférence.
En effet, alors que le design est une notion centrale à notre activité de conception, et le commerce et la créativité, nos terrains respectifs d’application et d’expression de notre évaluation… que dire sur une conférence qui tente d’allier les deux blocs fondateurs de l’expérience usager ou UX ?
J’aimerais d’ailleurs vous présenter mon analyse de cette première journée de conférence, selon trois dimensions typiques de l’univers de l’ergonomie afin de voir si C2-Mtl passe le test de la conférence conviviale:
- le lieu (contexte)
- l’expérience (l’usager et ses émotions)
- et le contenu (la tâche)
Le lieu – le contexte
Montréal est une ville fascinante, je n’ai pas besoin de vous le dire. À voir la quantité de participants venue de partout sur la planète à C2-Mtl et parlant toutes les langues, cela ne fait aucun doute. On sait que les conférences attirent pour leur contenu mais aussi le lieu géographique. Ce qui m’a justement fascinée, ce n’est pas tant que Montréal m’a semblé grandiose avec tout ce monde venu des quatre coins de la planète, c’est qu’en arrivant à l’Arsenal pour la conférence à Griffintown, je me suis soudainement sentie à Brooklyn! Sérieux.
C’était débile comme feeling. Je dois vous avouer que je connais très bien NYC pour y aller plusieurs fois par année voir ma famille, et ce, année après année depuis plus de 30 ans. Néanmoins, je n’ai jamais vécu ce feeling là avant, ce feeling d’être ‘transplanée’ sans bouger entre deux villes comme dans Harry Potter!
Les hangars du passé industriel de ce vieux quartier de Montréal, la présence de l’eau avec le canal Lachine, les boutiques, cafés et restos trendy aux alentours du site de la conférence sur Notre Dame, les t-shirts avec la facture et le design directement copié des célèbres motifs de ‘Brooklyn Industries’ que l’on pouvait retrouver à la boutique éphémère de c2- Mtl, bref, tout rappelait le magnifique quartier actuellement très ‘in’ qu’est DUMBO à Brooklyn (Down Under The Manhattan Bridge Overpass), et qui s’étale entre le Brooklyn bridge et le Manhattan Bridge.
Bref, le rappel était fort au delà de la métaphore, cette perception du lieu de la conférence m’a sincèrement transportée ‘ailleurs’, et j’ai revu Montréal avec des yeux de touriste quasiment, et je retrouvais notre ville tellement wow et unique au delà de la commission Charbonneau…ce contexte a dressé la table pour vivre toute une expérience en soi par la suite.
L’expérience – l’usager et ses émotions
En parlant d’expérience, j’ai été impressionnée par le lieu comme je l’expliquais, mais aussi par le set-up logistique de la conférence. À part l’attente de l’arrivée pour réussir à obtenir son badge compensée par le thé offert par David’s Tea, l’accueil, l’espace, l’efficacité de circulation, tout est impressionnant au niveaux logistique à C2-Mtl.
Avant même d’arriver, on a accès à une plateforme ‘in house’ de réseau social interne propre à la conférence, sur la métaphore du concierge, c’est Hubert qui vous accueille et vous accompagne durant toute la conférence et Hubert est présent sous la forme d’une vraie personne sur le site à laquelle vous êtes rattaché et que vous pouvez rencontrer à tout moment pour de l’aide. Le système de profil en ligne qui permet de se présenter en important son profil LinkedIN, permet aussi de dire ce que l’on recherche (My requests) et ce que l’on a à offrir (My offers), et de « booker » des RDV avec d’autres participants. J’ai pu repérer des partenaires d’affaires potentiels et leur proposer de se rencontrer sur les prémisses de la conférence, le système proposait des temps de rencontre automatiquement qu’il suffisait d’approuver ou de décliner. Le réseautage de haut niveau est donc très bien outillé pour les participants online et offline.
Enfin, durant les conférences, alors que la salle est unique pour permettre les conférenciers uniques d’une track unique, l’expérience d’écoute des conférenciers est impressionnante. La présentation de chaque conférencier se déroule selon un numéro de cirque qui ne manque pas d’évoquer le Cirque du Soleil dans le jeu de lumière, dans les costumes, et finalement, dans toute la mise en scène.
Lorsque le conférencier vedette arrive sur la scène, on a oublié que l’on était à une conférence, on se sent assister à un show de musique. Bref, ce ne serait pas abusif de dire ici que la conférence sait se mettre en scène pour faire vivre une expérience unique de divertissement et d’émerveillement que je n’ai pas encore pu constater ailleurs à Montréal, et qui demeure d »ailleurs également tout de même rare dans les conférences à l’international auxquelles j’ai participé depuis les 15 dernières années.
La forme par opposition au fond, séduit définitivement nos sens à C2-Mtl. Justement, qu’en est-il du fond? Du vrai contenu?
Le contenu – la tâche
Ainsi, pour un ergonome, une bonne lecture du contexte favorise l’expérience de l’utilisateur, qui est prédisposé à savourer le contenu.
À ce titre, je crois que la conférence C2-Mtl vise un public de communication, pour la plupart initié à participer à des conférences internationales dans leur domaine de métier. Dans toute industrie aujourd’hui, les conférences misent sur des conférenciers invités qui sont des vedettes, et sur la base d’un modèle de présentation reproduisant le système des stars de « l’industrie ». Ceci-dit, pour quiconque suit les blogues de ces grandes vedettes ou écoute même les vidéos sur Youtube de leurs différentes participations à TED et aux autres conférences majeures de ce monde, il y avait plus de redondance dans le contenu auquel on a accès en ligne que d’innovation radicale conceptuelle ou sémantique réellement présentée…mais y a rien comme « être là », les écouter « live », et rire à l’unison de la salle lorsque les conférenciers font des « jokes » – qui ont l’air si spontanées et pourtant nécessairement toutes répétées – bref, toute l’expérience est dans le happening et dans cette forme de « staging » du contenu!
En effet, chaque conférencier est invité pour se raconter, raconter son histoire, son succès. Of course. Et tout est politically correct. On aide les pauvres, on économise l’eau, on met en place des modèles d »affaires basés sur le don, et ça rapporte, car donner invite autant de réciprocité selon Blake Mycoskie des chaussures TOMS, dont le récit charmant et charmeur a subjugué toutes les femmes de la salle…
Ce fut le cas de Fred Dust de IDEO aussi, ma compagnie idole lorsque j’enseigne le processus de design via leur vidéo « The deep dive », qui a partagé sa vision de l’écoute et de l’observation de l’environnement comme matière première d’inspiration, et qui nous a redonné confiance en nous rappelant que tout enfant possède sa ‘creativity confidence’ qu’il nous suffit de retrouver en tant qu’adulte. En fin de compte cependant, il est finalement tout simplement venu rapporter les piliers des étapes fondamentales du processus de recherche classique: « hypothesize, test/collect, analyze and iterate », en focusant chaque fois sur un cas exemple, processus garanti de routine de la créativité appliquée.
Chris Bangle, nous a montré beaucoup de magnifiques images de voitures BMW, des prototypes à la mini Cooper, et a ainsi montré que pour pouvoir innover, il faut s’écouter sans écouter les trois objections:
- « ça ne marchera jamais »
- « c’est trop risqué »
- « ce n’est pas notre brand »
On comprend le dilemme managérial que cela peut poser, mais à ce niveau là, aucune recette n’a été partagée, et encore une fois, l’inspiration, le récit, et tout le réseautage de haut niveau permis par C2-Mtl en faisant venir de tels conférenciers de renom, compense largement le manque de solutions et de cas concrets documentés qui nous permettraient de nous projeter et d’apprendre par procuration! C’est la force de l’inspiration que l’on vit par procuration, et on se fait prendre au jeu, c’est exaltant comme l’est Philippe Starck!
En fin de compte, pour terminer de comprendre ce qu’apporte la juxtaposition des deux notions de créativité & de commerce @Montréal, on peut retenir que:
- Le lieu ou contexte qui surdimensionne Montréal en évoquant Brooklyn, transforme la perception de « la place » en un contexte magique où tout est possible…
- L’expérience qui découle de ce « transplanage » mental de villes, y en est une d’infotainment où le spectacle domine la scène.
- Le contenu est secondaire, dans la mesure où cela devient un prétexte au réseautage de haut niveau qui s’offre à chacun à C2-Mtl.
En guide de conclusion, et sur la base de cette analyse de type observation-participante très hautement scientifique… nous affirmons donc que la conférence C2-Mtl passe le test de la convivialité de l’ergonome en moi: le fonctionnel et l’émotionnel se rencontrent dans le commerce et la créativité dans un Griffintown surdimensionné au calque de Brooklyn!