Préférons-nous le toucher ou la souris?
Dans les dernières années chez imarklab, nous avons réalisé plusieurs séries de tests utilisateurs où les participants devaient interagir avec une version tablette et desktop d’un même site. Nous avons remarqué que les participants ont souvent une appréciation différente des deux interfaces, où l’appréciation pour la version tablette est plus positive. Cette différence peut être difficile à expliquer puisque les deux interfaces sont fréquemment très similaires et le contenu y est identique. Cela dit, le résultat de nouvelles études peut nous éclairer quant à ce phénomène.
Particulièrement, nous allons nous pencher sur l’article suivant, qui étudie l’impact du toucher dans un contexte d’interface.
Sénécal, Sylvain, Léger, Pierre-Marjorique, Courtemanche, François, Riedl, René et al, (2013). « Mouse vs. Touch Screen as Input Device : Does it Influence Memory Retrieval ? », Thirty Fourth International Conference on Information Systems, Milan 2013.
Le toucher
En marketing traditionnel, il a été démontré depuis longtemps que le toucher peut influencer les attitudes et comportements des consommateurs. Les auteurs utilisent le terme need for touch qu’ils définissent comme étant «une préférence pour l’extraction et l’utilisation d’information obtenue à travers le système tactile » (traduction libre). Nous savons d’ailleurs que les consommateurs se souviennent mieux des expériences qui stimulent plusieurs de leurs sens comme la vue, l’audition et le toucher, que des expériences unisensorielles.
Les périphériques d’entrée
Dans un contexte de commerce électronique, les consommateurs ont rarement l’occasion de toucher le produit avant de l’acheter. Le toucher passe essentiellement par le périphérique d’entrée ou input device. Ces périphériques peuvent être séparés en deux groupes.
1) Périphérique d’entrée direct : il nécessite que l’usager interagisse en touchant l’objet avec ses doigts (ex. tablette, téléphone intelligent). Ce type de périphérique est généralement plus facile à utiliser et requiert moins de formation. Pensons à l’application pour tablette La Presse +, pour qui dès le début, les concepteurs visaient à réduire au minimum le temps de prise en main, même pour quelqu’un qui n’aurait jamais utilisé une tablette.
2) Périphérique d’entrée indirect : l’usager interagit avec l’objet à travers un autre objet (ex. souris, joystick). Ce type de périphérique est typiquement plus précis et on peut en ajuster la précision.
L’étude
Globalement, les auteurs de l’article ont cherché à savoir si le type de périphérique pouvait avoir une incidence sur la mémoire. Leur étude a été réalisée auprès de trente personnes qu’on a affectées aléatoirement à un périphérique direct (touch screen) ou indirect (souris). Dans tous les cas, les participants utilisaient le même ordinateur pour réaliser leur tâche, qui était de s’informer au sujet de deux produits compétiteurs et ultimement faire leur choix parmi les deux. Cet exercice a été répété pour une quinzaine de catégories différentes de produits. Après l’exercice, la mémoire des participants par rapport aux marques qu’ils avaient vues lors de leur magasinage a été évaluée.
Au final, les résultats ont démontré que pour les personnes ayant un besoin de toucher plus élevé, l’écran touch screen engendrait effectivement une meilleure mémoire des marques avec lesquelles elles avaient interagi. Cela contribue à expliquer l’engagement plus élevé que nous observons lorsque les gens utilisent la tablette plutôt que le desktop.