Si les salles de classe universitaires cessaient d’exister : les MOOC en 2015
Comme chargé de cours et formateur à mes heures, je suis de près les innovations dans le milieu de l’éducation supérieure. Nous sommes d’ailleurs en train d’en vivre une qui pourrait transformer le domaine de façon permanente : les MOOC. Les MOOC, de l’anglais « massive open online courses », sont des cours qui visent une participation illimitée, ouverte et généralement sans frais à travers une diffusion sur le Web. Les MOOC sont structurés comme un cours universitaire, avec présentations magistrales, lectures, discussion en ligne, puis quiz et examen à la fin. Ils sont généralement mis sur pied par une organisation dont l’éducation est la mission première, comme une université, et sont diffusés sur une plateforme d’apprentissage, comme Coursera ou edX.
Certaines conditions ont stimulé la croissance en popularité des MOOC. D’abord, des changements dans les modèles financiers des institutions d’éducation supérieure ont rendu nécessaires des transformations. Ensuite, la technologie qui permet d’assister à ces cours est maintenant accessible et répandue. Ce qui est sûr, c’est que les MOOC ont amené une réflexion au sujet de plusieurs des conventions en place dans le domaine de l’éducation supérieure. À tel point qu’ils ont rapidement capté l’attention des étudiants, mais aussi des dirigeants dans les institutions.
Comme tout changement de cette ampleur, les MOOC polarisent l’opinion. Pour vous aider à vous faire votre opinion, j’ai recensé les arguments pour et contre les MOOC.
Commençons par les contre :
- Le modèle d’affaires à long terme est flou dans la mesure où ces cours sont sans frais pour les étudiants. Dans ces conditions, c’est difficile pour une organisation de petite taille ou même de taille moyenne de rassembler les ressources pour la mise sur pied d’un MOOC. C’est donc surtout les institutions établies, comme les Harvard, MIT, McGill et HEC de ce monde, qui s’engagent dans ce type d’initiatives.
- Certains intervenants sont réfractaires à ce type d’enseignement, car ils considèrent qu’il dévalorise l’interaction entre l’enseignant et l’étudiant. D’ailleurs, rien ne remplace l’interaction en personne. Dans un MOOC avec des milliers de participants, l’interaction enseignant – étudiant est évidemment minime, voire inexistante.
- Les taux de complétion de ces cours sont en moyenne très bas. Les statistiques qui circulent suggèrent que seulement 10% des inscrits vont terminer ces cours. C’est bien bas, malgré que les adeptes du MOOC soulignent qu’il ne faut pas comparer ces données à celles des cours traditionnels. Comme il n’y a pas de barrières à l’entrée aux MOOC, plusieurs inscrits vont faire du lèche-vitrine et n’ont pas le même engagement que les étudiants « traditionnels ». Il ne faut donc pas voir ces taux de complétion comme un gage d’échec. Au contraire, ça indique que les MOOC ratissent plus large dans l’intérêt qu’ils suscitent auprès des gens.
- Les MOOC sont un environnement difficile pour l’enseignement, car le niveau des étudiants y est très hétérogène, beaucoup plus que dans un programme traditionnel avec conditions d’admissions et cours obligatoires. Dans les nombreux étudiants, on peut en trouver qui n’ont aucune connaissance dans la matière, tandis que d’autres seront avancés. En tant que professeur, par où commencer ?
- Les MOOC, en attirant des étudiants qui autrement se seraient inscrits à des programmes réguliers, privent les institutions d’une source de revenus, elles qui sont déjà dans des situations financières précaires. Encore une fois, les adeptes des MOOC ne partagent pas cet avis. Ils affirment que les étudiants qui suivent des MOOC ne sont pas les mêmes qui se seraient inscrits aux programmes réguliers. Ils ont des profils significativement différents. Il n’y a donc pas de cannibalisation, mais plutôt une diversification et un élargissement des clientèles rejointes par l’éducation supérieure.
Maintenant, les pour :
- D’abord, l’argument revendiqué par le plus grand nombre est que les MOOC réduisent les barrières à l’entrée de l’éducation supérieure. À long terme, toute la société bénéficiera de cet impact. D’ailleurs, on observe que les inscrits aux MOOC venant de pays en voie de développement sont beaucoup plus représentés que dans les programmes traditionnels.
- Les MOOC, par leur accessibilité et l’engagement réduit qu’ils requièrent de l’étudiant, permettent aux gens de continuer à s’éduquer toute leur vie, même après avoir quitté les bancs d’école. Les programmes traditionnels ne sont pas aussi accommodants pour les gens déjà sur le marché du travail.
- Les MOOC deviennent des labos pour développer de nouvelles méthodes d’enseignement qui peuvent par la suite être incorporées dans les programmes plus traditionnels. C’est d’ailleurs une des missions importantes des MOOC mis sur pied par Harvard.
- Puisque l’essentiel des activités des étudiants se déroule en ligne, beaucoup de données peuvent être récoltées sur leur méthode d’apprentissage. Ça devient une source d’information précieuse pour améliorer l’enseignement.
- Certains étudiants de programmes traditionnels vont aussi suivre des MOOC en parallèle comme complément à la matière qui leur est présentée en classe. C’est donc que les MOOC ont des qualités pédagogiques intéressantes.
- Plusieurs des étudiants qui suivent les MOOC sont eux-mêmes enseignants – ils constituaient près de 28% des inscrits aux MOOC du MIT au printemps 2015. Les MOOC sont un véhicule de partage de connaissance efficace à plusieurs niveaux !
Croissance importante
Qu’on soit pour ou contre les MOOC, leur croissance est indéniable :
Vous êtes encore indécis quant aux MOOC ? Pourquoi ne pas en trouver un qui vous intéresse et vous inscrire ? Ça ne devrait pas vous coûter trop cher !
Sources additionnelles:
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