Crowdfunding, source d’innovation

Avec le crowdfunding, ou le sociofinancement en français, les rêves entrepreneuriaux n’ont plus vraiment de limite. Grâce aux Kickstarter de ce monde, toute bonne idée, aussi avant-gardiste soit-elle, peut être financée sur le Web et se transformer en produit bien réel. Le casque de réalité virtuelle Oculus Rift a accumulé 2,4 millions de dollars sur Kickstarter en 2012 avant de se faire acheter par nul autre que Facebook en 2014. Pourtant, la réalité virtuelle était encore loin d’être la tendance de l’heure en 2012.

L’intelligence artificielle étant l’une des tendances numériques dominantes de 2017, ce n’est pas la place qui manque pour innover. Bien sûr, toutes les campagnes de crowdfunding ne sont pas un succès. Dans certains cas, l’objectif n’est pas atteint et les gens ayant appuyé les projets, les backers, sont remboursés. Dans d’autres, le produit n’arrive pas à se démarquer sur le « vrai » marché suite à la campagne.

Qu’est-ce qui influence le la performance d’une campagne de sociofinancement sur le marché ? Qu’est-ce qui joue sur les innovations qui en découlent ? Dans une étude publiée au printemps 2016, le MIT Sloan Management Review s’est penché sur la question. Des données ont été collectées auprès de 200 créateurs de projets Kickstarter qui, ensemble, ont totalisé 17 millions de dollars de financement et 239 000 backers…

Ouverture et backers pour performer sur le marché

L’ouverture et le nombre de personnes appuyant une campagne sont les déterminants clés de la performance future d’un produit sur le marché. Plus les entrepreneurs sont ouverts aux idées de développement de produits venant de sources externes, mieux ils performent. Ce premier point est assez logique. Le deuxième est un peu plus nuancé, car ce n’est pas une question de financement comme l’on pourrait croire.

Les backers sont généralement des early adopters. Pour illustrer ce concept, disons qu’ils sont le type de consommateurs qui font la file pour mettre main sur le nouveau iPhone le jour de sa sortie. Leur enthousiasme fait en sorte qu’ils sont particulièrement motivés à donner leurs idées pour améliorer le produit, et surtout, en parler dans leur entourage et sur le Web – d’où l’importance de leur nombre. Revenons à notre illustration : pourquoi faire la file pour un nouveau iPhone que personne ne verra ? Un des participants de l’étude a affirmé que les backers « on tendance à être de bons évangélistes, et que plusieurs aiment montrer leurs dernières trouvailles aux autres ». Comment les attirer ? En s’assurant que le développement du produit ne soit pas trop avancé lors du lancement de la campagne afin de les impliquer. Pour eux, l’opportunité de jouer un rôle a souvent plus de valeur que le produit. D’ailleurs, l’étude a montré que les campagnes reçoivent moins de support lorsque le développement est complété.

Implication des backers pour innover à long terme

En toute simplicité, le Glif, un support permettant de positionner son téléphone intelligent en angle ou de l’attacher à un trépied, a accumulé 137 000 $ en 2010 – un record pour la plateforme à cette époque. Le concept n’a rien de particulièrement avant-gardiste, mais il faut croire que c’était le produit que plusieurs photographes en herbe attendaient. Au fil du temps, Glif est devenu Studio Neat, une entreprise innovante à l’origine de plusieurs produits simples pratico-pratiques comme le Glif, et d’applications mobiles variés. Que ce soit une application de cocktails ou un kit pour faire de la glace, Studio Neat ne se met pas de limite. Son but : résoudre des problèmes intéressants et satisfaite ses clients.

Selon l’étude, une campagne de crowdfunding a un impact direct sur les efforts d’innovation futurs d’un entrepreneur. En regardant comment un entrepreneur s’y prend sur une plateforme comme Kickstarter, on peut prédire s’il innovera avec d’autres initiatives de développement de produits selon trois facteurs. Comme pour la performance sur le marché, il est surtout question d’impliquer les backers le plus possible. Les mises à jour récentes permettent plus d’interactions et de feedback ouvrant naturellement la porte à des initiatives innovantes futures. Tel que mentionné précédemment, le fait de commencer une campagne tôt dans le développement ouvre davantage la porte aux contributions des backers. Les entrepreneurs misent donc plus sur des innovations radicales. Finalement, l’ouverture aux nouvelles idées est essentielle. Le sociofinancement représente beaucoup plus qu’une façon d’amasser des fonds, il peut s’agir d’une véritable machine à idées lorsqu’il est bien utilisé !

Écouter les consommateurs pour se démarquer

On retient surtout de cet article la valeur du feedback direct des consommateurs. Pour les entrepreneurs, les plateformes de sociofinancement permettent en quelque sorte un processus de recherche marketing 2.0. Ils proposent un produit A aux internautes, écoutent ce qu’ils ont à dire, puis introduisent une version améliorée. Pas étonnant que ceux qui soient les plus ouverts performent mieux et innovent davantage, ils sont en mesure d’offrir précisément ce que les gens veulent et ce qu’ils ont besoin. C’est le même principe lorsqu’une entreprise lance un produit de façon traditionnelle. Elle a plus de chances de réussir si le produit est adapté suite à des initiatives de recherche marketing. Dans le contexte d’imarklab, on pourrait dire de même des sites Web.

Vous pensez au crowdfunding ? Soyez ouverts, n’ayez pas peur de vous lancer tôt dans le processus de développement, et structurez votre campagne afin d’attirer le plus de backers possible, et ce, sans miser seulement sur leur contribution. Le sociofinancement ouvre la porte du marché aux entrepreneurs créatifs avant-gardistes, et c’est fantastique.

 

Source : Stanko, Michael A., et David H. Henard (2016). « How Crowdfunding Influences Innovation », MIT Sloan Management Review, printemps 2016, vol. 57, no 3.