Les monnaies virtuelles, une bonne affaire?

Les entreprises cherchent constamment à générer de nouveaux revenus et à optimiser les profits. Il s’est vu naître une nouvelle tendance dans le commerce en ligne ces dernières années: le remplacement de l’argent réel par la monnaie virtuelle pour conclure des transactions en ligne. En effet, ces devises prennent de l’importance sur le Web et dans les environnements ludiques, que ce soit sous forme de « Facebook Credits », de « Microsoft points » ou de « Nintendo points », pour ne nommer que ceux-là.

Comment cela fonctionne?

La plupart de ces nouvelles devises fonctionnent de la façon suivante : les consommateurs doivent acheter des lots de points prédéfinis avec une quantité minimale plus élevé que le prix des plus petites micro-transactions. Par exemple, pour acheter un accessoire virtuel sur la console Xbox 360 de Microsoft au coût de 80 points, il faut acheter le plus petit lot disponible, c’est-à-dire 500 points, qui vaut 7,25$ CAD. Les consommateurs font ensuite toutes leurs dépenses dans l’univers virtuel créé autour de la monnaie virtuelle en question avec leur réserve de points. Ainsi, les utilisateurs utilisent uniquement leur carte de crédit lorsqu’ils veulent ajouter des points à leur réserve, ce qui évite aux marchands d’avoir à payer de multiples frais afférents à l’utilisation de cartes de crédit (Roth, 2010).

Pourquoi la monnaie virtuelle?

Pourquoi instaurer un tel système de paiement?

Bien que les entreprises tentent d’en vanter les mérites auprès des consommateurs, vous comprendrez que les principaux avantages sont plutôt du côté des marchands. En voici les grandes lignes :

  • Tout d’abord, les monnaies virtuelles permettent aux entreprises d’éviter d’avoir à payer des frais de service aux institutions bancaires à chaque micro-transaction réalisée par un consommateur, d’autant plus que les biens virtuels à faible prix sont de plus en plus consommés. Malgré que ces frais soient minimes, ils peuvent augmenter rapidement à la longue.
  • De plus, l’élimination de l’étape relativement ardue d’avoir à payer avec une carte de crédit à chaque transaction favoriserait la consommation puisqu’il y aurait ainsi un frein de moins à la dépense (Verna, 2011).
  • Finalement, selon les recherches effectuées sur la perception des consommateurs, il a été démontré que les gens ont tendance à dépenser plus lorsqu’ils n’ont pas de référent clair avec la devise qu’ils utilisent régulièrement (le dollar canadien par exemple). C’est encore plus vrai lorsque la devise virtuelle a un taux de change complexe, comme par exemple : 1$ = 80 points Microsoft (Wertenbroch et al., 2007).

Un futur pour cette monnaie?

Le problème avec ces devises réside dans le fait que le consommateur en retire peu d’avantages, ou du moins ne les perçoit pas. Par exemple, Facebook stipule que ses « Facebook Credits » sont une façon sécuritaire et simple de dépenser en ligne, mais est-ce suffisant pour les convaincre à utiliser cette monnaie? Des recherches sur Google démontrent aussi que plusieurs consommateurs ressentent de la frustration avec le système de points Microsoft, puisqu’ils sont obligés d’acheter toujours plus que le montant réel de l’achat, en plus de perdre de vue la vraie valeur des articles virtuels. Les rumeurs veulent d’ailleurs que Microsoft considère abolir ce système.

On est alors en droit de se demander si les avantages des monnaies virtuelles, au détriment de la satisfaction des consommateurs, en valent vraiment la peine. Existe-t-il un futur pour les monnaies virtuelles? Les consommateurs finiront-ils par adopter ces devises, tout en restant satisfaits lors de leur utilisation?

 

Sources :

  • Roth, D. (2010), “The Future of Money: It’s Flexible, Frictionless and (Almost) Free”, Wired Magazine, March.
  • Verna, Paul (2011), “Virtual Goods and Currency: Real Dollars Add Up”, eMarketer.
  • Wertenbroch, K., Soman, D. & Chattopadhyay, A. (2007), “On the Perceived Value of Money: The Reference Dependence of Currency Numerosity Effects”, Journal of Consumer Research, Vol. 34.